par Jean-Pierre Uria

S’il y a bien un territoire où l’on peut prendre du recul, c’est bien celui du Proche-Orient. Dans l’histoire, de terribles drames ont eu lieu sur ces terres et aujourd’hui encore nous sommes témoins en direct, d’un effroyable malheur.

Cette horreur tue mais aussi se diffuse, tel un nuage dans le monde entier qui devient un peu plus sombre. L’espoir s’en va, le désespoir s’installe partout. La solution est complexe et quasiment insoluble. Rien qu’au niveau idéologique, comment expliquer que trois religions qui ont au départ une base biblique commune, arrivent à s’entre-déchirer. C’est absurde.

Si les grands n’y comprennent rien, comment l’expliquer aux enfants ? Faut-il les laisser dans l’ignorance et l’impuissance toute leur vie ? N’y a-t-il pas un moyen de leur offrir une porte de sortie. Sans entrer dans la théologie ne peut-on pas leur expliquer les choses simplement.

C’est dans cet esprit, que je présente à chaque enfant ce petit problème de calcul mathématique et philosophique.

Combien il y a t il d’enfants dans ta classe et dans ton école ? Combien il y a t il d’écoles dans ton pays et dans le monde ? Combien d’enfants sont allés à l’école depuis 100 ans ? Cela fait un nombre impressionnant. Si chaque heure d’enseignement représente une petite pierre carrée d’un centimètre de coté, qu’elle serait la taille de la pyramide que l’on pourrait construire avec toutes ces pierres ? En réalité, elle est immense.

Depuis la nuit des temps, les parents cherchent à enseigner le meilleur à leurs enfants qui sont tous plus ou moins, avides de savoirs. Si la masse d’enseignements et de savoirs augmentent ainsi naturellement comment se fait-il que le monde reste aussi mauvais, aussi barbare ? Pourquoi ce décalage ? Pourquoi n’y a t il aucune évolution ?

La réponse est liée à la nature humaine. Depuis la nuit des temps, la dignité humaine ne peut s’acquérir que d’une seule manière qui est la reconnaissance de notre propre conscience. Dès que l’homme dit «JE», il a conscience de sa liberté de penser. C’est la condition nécessaire et suffisante pour une reconnaissance totale et entière de la dignité humaine. Il n’existe pas de demi-mesure. C’est d’ailleurs cette simplicité qui garantit l’égalité entre chaque homme.

La liberté est une valeur très particulière. Tout d’abord, c’est la plus simple de toutes les valeurs. Elle est aussi facile à appréhender qu’un mur. D’autre part, elle est universelle dans le monde animal. Même une amibe examinée au microscope cherche à s’échapper de là où on l’a placée. Mais surtout, la valeur liberté est une valeur exclusive. Il est important de noter que le facteur humain importe peu. C’est juste une question de vocabulaire. Par définition, la Liberté ne peut dépendre d’aucune autre valeur. Elle se doit d’être Libre, donc seule.

S’il n’y a pas d’évolution dans la nature humaine, c’est à cause de son rapport avec la valeur liberté.

Même le religieux le plus orthodoxe, le plus radical, doit reconnaitre qu’il doit disposer de la liberté de penser. Faisant cela, il est obligé de reconnaitre la valeur Liberté comme préalable à tous les dogmes. L’homme issu de cette base et qui suit cette voie, se construira une identité d’homme libre. S’il s’en écarte, s’il y renonce, il devra alors s’accrocher à toutes sortes de croyances et communautarismes afin d’éviter la peur d’être seul et perdu sans pour autant échapper à la honte et à la colère d’avoir perdu sa valeur et sa dignité.

Mais si l’on veut se libérer de tout, il faut commencer par soi-même. C’est une démarche individuelle. Cela revient à s’engager sur une voie étroite, solitaire et difficile. Beaucoup y renoncent mais ceux qui relèvent le défi savent qu’ils trouveront une véritable égalité entre tous les humains et aussi une fraternité au-dessus de toutes les croyances et tous les jeux de rôles. La devise de la France, Liberté, Égalité, Fraternité ne fait qu’affirmer la puissance de la relation existant entre ces trois mots.

L’homme est profondément et très intimement lié à la valeur Liberté. Elle en est sa base et son tuteur. Ils ne peuvent être dissociés. Elle est sa matrice. Il lui doit tout. La Liberté, de part sa nature absolue, prime sur tout. Même la perfection doit céder devant elle. C’est d’ailleurs ce principe qui est célébré chaque année lors de la nuit de Noël.

En effet, le principal message du christianisme est la promesse de résurrection mais il y en a un autre, plus discret et néanmoins encore plus important. C’est un secret de tous connu. C’est le choix de Dieu. Celui du renoncement à la perfection pour se faire homme libre. C’est aussi cela la nativité.

Les hommes regardaient les Dieux avec peur et envie parce qu’ils étaient immortels, sans savoir que les Dieux regardaient les hommes avec peur et envie parce qu’ils étaient mortels.

Il est temps que les hommes libres demandent aux religieux modérés ou radicaux, de redéfinir leur valeur première essentielle. Est-ce la liberté ou autre chose ?

Liberté oblige et que la paix de Noël revienne vers nous.

UN SECRET DE TOUS CONNU

Partager cet article